Voilà j'ai trente ans.
A 20 ans je me suis toujours demandée si on pouvait croire les femmes de 30 qui proclamaient que c'était le meilleur âge car elles acquis de l'assurance, avaient à priori réglé leurs névroses, oedipienne, alimentaires, comportementales, atténué leurs phobies, trouvé un but à leur vie, voire, réussi leur vie.
Maintenant je le sais, à 30 ans, on est bien dans sa peau (enfin pour certaines c'est dès la naissance), et ca c'est un grand pas en avant. Le reste, c'est plus complexe que ca.
J'ai un but actuellement : faire de l'Allemagne mon pays d'adoption définitif, puisque j'ai décidé d'y suivre mon mari. Mais je me demande si cet objectif est suffisamment ambitieux ? Je préfèrerai me mettre au service d'une grande cause, ou reprendre des études. Je cherche actuellement un travail, mais de facon passive. J'attends que ca me tombe dans les mains. C'est que la démarche à suivre me laisse perplexe. Mon allemand n'est pas encore courant, je me débrouille assez bien socialement, mais professionnellement ca risque de laisser à désirer.
J'ai réussi mon mariage c'est déjà ca ! La cérémonie mais aussi le quotidien. Nous avons déménagé récemment dans un appartement plus grand et moi qui ait toujours pensé que petit studio pouvait très bien rimer avec bonheur (conjugal), je me trompais, on se marchait un peu sur les pieds, on s'énervait mutuellement à force d'empiéter sur nos territoires intimes. A présent tout est redevenu idyllique, notre appartement fait dans les 90 m² et nous pouvons enfin respirer pour pouvoir mieux se consacrer à l'autre. C'est toujours à la campagne, j'adore !
Je m'égare, je parlais du mariage... Ca m'a fait quelque chose le jour où j'ai recu notre livret de famille du consulat, voilà, désormais nous formions une famille. Ce jour-là, ca m'a marqué. Et c'est vrai, mon mari je l'aime énormément, il est devenu ma famille, passée la passion du début (on se connait depuis 4 ans), il reste l'amour, le simple, le vrai. Celui pour qui on donnerait tout.
Passé ce couplet idyllique (j'aime bien vanter les mérites du mariage, j'ai tellement entendu mes anciens flirts le décrier), je dois avouer que mon mari est quand même souvent absent. Il est en train de se reconvertir dans la finance, et ca lui prend beaucoup de temps. Mais pas de soucis, je suis une femme solitaire. Je réclame juste un week end snowboard de temps en temps.
Je suis toujours une grande charmeuse, ah c'est aussi un des avantages de la trentaine, on sait comment attraper les hommes, je ne m'en prive pas quand se présente l'occasion (je les relâche aussitôt, je ne fais que m'amuser) mais comme je ne rencontre personne à cause de mon job ingrat de "nanny" (oui à 30 ans je garde toujours les enfants des autres, pourtant je possède un bac + 5, ma petite fierté personnelle de blonde) les occasions ne sont pas si fréquentes.
J'ai enfin "assaini" le lien qui existait entre ma bouille ainée, qui habite à 5 km, mariée à un allemand aussi. Enfin assainie n'est peut-être pas le bon mot, car en fait notre relation s'est beaucoup altérée, oui mais voilà désormais je ne ressens plus ni de culpabilité, ni d'admiration... tout ca m'handicapait énormément. Je regrette beaucoup notre complicité passée, mais je me sens plus libre ? Elle est devenue maman et a beaucoup changé, elle ne vit plus que pour sa fille et n'imagine même plus sortir de sa condition de mère au foyer. Ca me chagrine, mais j'ai réalisé que notre relation avait souvent été à sens unique, elle était mon idole, et je me sens presque soulagée.
Avoir un bébé, on y pensera l'année prochaine, depuis la naissance de mes nièces, je crois que je suis beaucoup trop égoiste actuellement pour me consacrer à un enfant. J'ai tellement de choses à vivre. C'est aussi ca, avoir 30 ans, on réalise que c'est la dernière ligne droite pour accomplir certaines choses insensées, et que certaines choses sont définitivement derrière nous (entamer une carrière de sportive, au hasard).
Voilà je crois avoir éclairé quelques points, pour le reste, et bien je garde toujours un oeil obsessionnel sur ma ligne, mais c'est devenu un mode de vie et je n'en souffre plus, j'étais ronde à l'adolescence, je me suis affinée au risque de basculer de l'autre côté, à présent je me plais mais je ne peux plus me permettre de manger n'importe quoi (le yoyo a trop fonctionné). Je cours une heure par semaine. J'ai peur des esprits. Je voudrais vraiment trouver un travail. Je ne crois pas avoir réussi ma vie, mais ca va pas trop mal.